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[décoration] Le préfet au palmarès des "Charter Awards"

mercredi 8 juin 2016

Un « Charter Awards » pour le préfet

Dix préfectures sont au palmarès de ce prix qui dénonce des sorts réservés aux migrants. Parmi elles, la Loire-Atlantique.
Secouer l’Hexagone, cette terre d’accueil qui usurpe sa réputation ? Secouer les consciences versatiles, un jour émues par les migrants, l’autre les rejetant ? C’est l’objectif d’un palmarès nouveau genre, lancé, hier, par la Cimade (structure d’aide aux migrants) aux marches de sept préfectures de France. À 11 h, celles-ci furent recouvertes d’un tapis rouge surprise. « Il y a quatre ans, on espérait que la situation des étrangers s’améliorerait, confie, amère, Marie Henocq, de la Cimade nantaise. En réalité, elle a empiré. » Pour faire passer le message de protestation, la Cimade et ses partenaires ont donné une parodie des César baptisée les Charter Awards.

À leurs dépens, dix préfectures se sont vues décerner ce prix, qui « récompense leur zèle à appliquer les lois relatives à l’accueil et au séjour des étrangers sur le territoire français ».

Nantes était des lauréates, « pour sa politique rigoriste d’expulsion de personnes gravement malades vers des pays où elles ne peuvent être soignées » . Au micro, pour l’animation nantaise, le comédien Pierre Roba a déclamé façon Pierre Tchernia, sur le parvis préfectoral : « Les Charters Awards sont placés sous le signe du glamour et du voyage ! Pensez : des dizaines de milliers de personnes ont pu partir pour des destinations de rêve, afin de quitter le gris de Calais, de Nantes, pour les couleurs chatoyantes de Khartoum, de Kaboul. »

La Loire-Atlantique, quant à elle, a reçu le prix Je vais bien ne t’en fais pas, pour l’expulsion d’un Marocain et d’un Tunisien gravement malades, en 2015 et 2016, contre l’avis médical. Ce premier Charter Awards , qui s’est tenu dans le calme, sans affrontement, a été applaudi par le public de militants en tenue de soirée. Mais il n’a pas drainé la foule. La préfecture, quant à elle, a simplement réagi en précisant que « les éloignements sont réalisés en application de la loi, sous le contrôle du juge ».

Agnès CLERMONT (Ouest-France).