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[MRAP national] 8 mai 1945 – 8 mai 2014 le MRAP rend hommage aux « oubliés de l’histoire » et appelle à faire barrage aux idées d’extrême droite

jeudi 8 mai 2014

8 mai 1945 – 8 mai 2014

le MRAP rend hommage aux « oubliés de l’histoire »
et appelle à faire barrage aux idées d’extrême droite

Le 8 mai 1945 était signée la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie. Après 60 à 80 millions de morts dont 45 millions de civils, plus de 4 millions de victimes des camps de la mort, dont 3 millions de Juifs et des centaines de milliers de Tsiganes, les peuples étaient « venus à bout de la bête immonde ».

Le 22 mai 1949, au Cirque d’Hiver, les fondateurs du MRAP, parmi lesquels des survivants des camps nazis, prêtaient serment « de ne jamais oublier les crimes commis par les assassins fascistes et leurs complices » .

A l’heure où les idéologies racistes se développent dans de nombreux pays européens, il est impératif de rappeler inlassablement que les discours de haine et d’exclusion conduisent toujours aux pires crimes que l’humanité ait connus.

N’oublions pas que pour Jean Marie Le Pen, les camps d’extermination ne sont « qu’un détail de l’histoire » et que le 27 janvier 2012, date même de la commémoration de la libération du camp d’Auschwitz, Marine Le Pen, invitée d’honneur du FPÖ - principale organisation d’extrême-droite autrichienne - participait à Vienne à un bal de « l’Olympia », organisation de tradition néonazie, antisémite et négationniste.

Aujourd’hui, les vieux démons réapparaissent : l’étranger, le Rom, le Musulman ou supposé tel, le sans papiers.....sont les nouveaux « boucs émissaires » auxquels est attribuée la responsabilité de tous les maux et de toutes injustices de la société, qu’ils sont les premiers à subir.

Certains, jouant aux apprentis sorciers, tentent - pour de vains calculs électoraux - de faire du Front National un « parti fréquentable ».

En ce 8 mai 2014, le MRAP se doit également de rappeler qu’à cette victoire sur le IIIe Reich et sur le fascisme ont contribué, à côté des alliés –Soviétiques, Américains et Anglais pour la plupart – de nombreux immigrés venus d’Afrique noire et du Maghreb, mais aussi de l’Europe toute entière, pour contribuer à sauver la France du nazisme.

Les uns avaient fui l’idéologie fasciste qui avait d’abord triomphé en Italie, puis en Allemagne et en Espagne ; d’autres, colonisés, espéraient que leurs peuples bénéficieraient, eux aussi, de cette liberté chèrement acquise pour sortir du statut colonial et devenir des citoyens de leurs propres patries.

On ne demandait pas alors aux combattants étrangers de la résistance s’ils mangeaient de la viande hallal ou s’ils avaient des papiers ! Qu’il se soit agi des Algériens, Marocains, Tunisiens, Africains, Antillais, Malgaches, de ceux du groupe Manouchian de la Main d’Œuvre Immigrée (MOI), désignés comme « terroristes » sur l’Affiche rouge, ou encore de ceux - notamment les Républicains espagnols - qui, dans des chars baptisés Guadalajara, Ebro, Teruel, Brunete, Madrid – mais également Don Quijote ou Durruti - tous ont contribué à libérer Paris.

« Pourrions nous accepter que nos cimetières où se mêlent par milliers les croix chrétiennes, les étoiles juives et les croissants de l’Islam, soient ensevelies sous l’oubli et l’ingratitude ? », interrogeait le Général De Gaulle le 23 avril 1968.

Le MRAP espérait, avec l’élection de François Hollande et une majorité socialiste à l’Assemblée nationale et au Sénat, des changements notoires. Mais, hélas, la douloureuse question des sans papiers demeurent inchangée puisqu’aujourd’hui un très grand nombre d’enfants et petits-enfants des combattants morts pour la France se trouvent encore sans papiers, sans droits, sans reconnaissance. Malgré les promesses - apparemment oubliées - du candidat Hollande, ceux qui ont des papiers se voient toujours refuser le droit d’accès à la citoyenneté que serait le droit de vote ouvert aux résidents non communautaires.

Quant à ceux d’entre eux qui sont de nationalité française, ils sont trop souvent victimes du rejet raciste, de la relégation, de la discrimination.

Le MRAP tient également à rappeler que le jour même où la France retrouvait la liberté – le 8 mai 1945 - une répression terrible s’abattait en Algérie, sur la région de Sétif, parce qu’un drapeau algérien, symbole de l’indépendance, était brandi au cours d’un défilé célébrant la victoire. Il y eut alors des milliers de morts. Ces massacres préfiguraient ceux de dizaines de milliers de manifestants, perpétrés en 1947 à Madagascar par l’armée française, face aux insurgés Malgaches qui avaient attaqué un camp militaire.

En ce 8 mai 2014, où toutes les formes du racisme se banalisent, le MRAP rend solennellement hommage à tous ces « oubliés de l’histoire », ces combattants venus d’ailleurs, « à ces étrangers et nos frères pourtant » (comme le furent les membres de l’Affiche Rouge), qui ont lutté pour que la devise Liberté, Égalité, Fraternité ne soit pas un vain mot. Et quel meilleur hommage que de poursuivre avec ténacité leur lutte pour une société plus juste, où l’égalité des droits deviendra une réalité, où le racisme aura enfin disparu, où le « vivre ensemble » l’emportera sur les peurs et les haines.

Paris, 8 Mai 2014.

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