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Intervention au nom de l’UCIJ et du CSPSP (parrainages du 9 décembre)
samedi 10 décembre 2011
Quelques mots sur les raisons de ce parrainage que M. et Mme K. ont sollicité pour leurs trois enfants auprès des élus de Saint Nazaire, accompagnés dans cette démarche par l’UCIJ et le Collectif de soutien aux personnes sans papiers.
M. et Mme K. habitent depuis 2 ans à St-Nazaire. Yacoub y est né, Ayssu et Sona sont scolarisées à l’école Herriot. M. K. y a obtenu une promesse d’embauche.
C’est donc ici que la famille tente de développer ou de trouver les bases d’une vie familiale « ordinaire », de mettre un terme à ce parcours du combattant qui est le sien depuis 2008, année au cours de laquelle ils ont été amenés à prendre la décision de quitter l’Azerbaïdjan puis à demander l’asile en France.
Comme chacun le sait ici, personne ne quitte son pays, sa famille, ses attaches par plaisir. Ce n’est ce soir ni le moment ni le lieu de rapporter en détail quel a été le cauchemar des dernières années de leur vie là-bas, je voudrais juste dire que les pratiques de harcèlement, d’agressions (au pluriel) et de persécution ethnique dont ils ont été l’objet ont eu pour conséquence qu’en réalité ils n’ont pas fait de choix, mais été ont été contraints de chercher à se protéger eux et leurs enfants.
Qu’il est donc plus que regrettable que les institutions françaises, mais aussi l’OFPRA ou la CNDA, continuent à ignorer ou à nier ce que des commissions officielles d’enquête (je fais référence à divers rapports sur l’Azerbaïdjan, celui du Commissaire Européen au Droits de l’Homme et celui de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance) qui dénoncent avec force preuves et arguments la situation en Azerbaïdjan pour les personnes d’origine arménienne : absence de droits sociaux, carences graves de la Justice, encouragements à la haine raciale via les médias et même les discours officiels.
Il est tout aussi inacceptable que le Préfet de Loire-Atlantique fragilise au quotidien cette famille en prononçant à leur son encontre une obligation à quitter le territoire français - alors même que le dernier recours devant la Cour Nationale du Droit d’Asile n’a pas encore été examiné.
Inacceptable que ce même préfet refuse une autorisation de travail alors que M. K. a présenté une promesse de CDI dans une entreprise de ce département.
Pourquoi, et jusqu’à quand, ce double discours sur les étrangers à qui l’on demande toujours plus de preuves d’intégration, alors qu’on leur interdit l’accès aux droits les plus élémentaires ?
Et que dire de l’injonction qui leur a été faite cet été, de quitter leur logement. Heureusement, la mobilisation d’un grand nombre d’entre vous a permis d’empêcher l’expulsion.
A quelques jours du 18 décembre, journée mondiale des migrants (en rappel d’une Convention de l’Assemblée générale des Nations Unies pour le respect à travers le monde des droits des migrants et de leurs familles) nous avons le devoir de maintenir cette mobilisation, pour soutenir, protéger trois enfants et leurs parents, afin que le plus tôt possible, ils deviennent tout simplement des habitants ordinaires, des parents ordinaires (cette fois sans guillemets) bref, nos voisins ordinaires avec des droits ordinaires.
- Merci donc à tous ceux qui par leur présence ici témoignent avec l’UCIJ de leur refus des politiques d’État négatives à l’encontre des étrangers - politiques xénophobes, brutales et discriminatoires-,
- Merci à ceux qui s’engagent à vous accompagner aujourd’hui via ces parrainages,
- Merci enfin à l’école qui s’est engagée à protéger les enfants.
Pour conclure, et au nom des personnes qui ont tenu participer à cette cérémonie, je voudrais dire à M. et Mme K, mais aussi à Sona, à Yacoub et à Ayssu - avec des mots qu’on leur expliquera quand ils seront plus grands - que ce que nous voulons, c’est mettre en acte nos valeurs de justice et de résistance, valeurs qu’à l’UCIJ nous tenons à faire résonner avec les mots d’égalité et de liberté affichés dans cette Mairie.
Tous ici nous partageons sincèrement vos espoirs, et au delà des mots évidents de soutien et de solidarité que nous échangerons avec vous tout à l’heure autour du verre de l’amitié, Sekina, Ramil, les enfants, il y aura aussi à entendre, tout simplement, les mots - ou plus exactement l’expression - d’un autre symbole auquel nous sommes très attachés : la fraternité.