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Le Pont Transcouleur n° 91 février 2013
jeudi 7 février 2013
Edito :
Le changement que nous voulons !
Edito :
Le changement que nous voulons !
L’année 2012 a vu la fin du gouvernement de M. Nicolas Sarkozy et de sa politique de plus en plus répressive à l’égard des migrants, boucs émissaires des difficultés économiques de notre société.
Nous nous en sommes réjouis et avons très fortement souhaité la mise en œuvre d’une toute autre politique respectueuse des droits de toutes et tous.
Le nouveau gouvernement de M. François Hollande est en place depuis 10 mois.
En matière d’immigration, quelques-unes des mesures scandaleuses prises par les gouvernements précédents ont été annulées : les étudiants étrangers ayant fini leurs études et souhaitant rester travailler en France peuvent le faire plus facilement ; les conditions d’obtention de la nationalité française sont assouplies ; la circulaire du 28 novembre 2012 permettra à un nombre très restreint de familles, de salariés et de jeunes présents sur le territoire français depuis longtemps d’échapper aux menaces d’expulsion.
Mais pour l’essentiel, rien n’est réglé !
c’est une politique d’accueil, refusant la mise en concurrence des êtres humains et des peuples. Pour sortir de la spirale infernale de la régression des droits et l’explosion des inégalités, cette nouvelle politique doit s’appuyer sur plusieurs principes fondamentaux :
La liberté de circulation et d’établissement
Elle est affirmée comme un droit fondamental dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. La politique d’immigration du gouvernement ne répond pas à cette exigence. Elle continue d’être pensée comme une politique de contrôle et non comme une politique d’accueil dans le respect des Droits de l’Homme.
Des mesures simples devraient suffire : à l’entrée en France, il doit être possible d’obtenir un document permettant de voyager, travailler, étudier, se soigner, faire des projets, établir des liens et décider ou non de rester. Après, sauf cdsf cas de force majeure, la carte de séjour de 10 ans renouvelable doit être la règle.
Le droit d’asile doit être effectivement appliqué et les demandeurs d’asile logés, entourés, aidés pour pouvoir présenter leur situation dans de bonnes conditions. Ils doivent avoir le droit de travailler. Les femmes, en particulier, doivent être accueillies en cas de danger de mariage forcé, d’excision, de prostitution.
L’égalité en dignité et en droits des hommes et des femmes
Au contraire de cela, la circulaire du 28 novembre 2012 maintient des populations qui vivent ici depuis longtemps dans la précarité administrative et économique. En répétant que cette circulaire ne permettra ni plus de régularisations, ni moins de reconduites à la frontière que sous le mandat de M. Nicolas Sarkozy, M. Manuel Valls annonce la couleur : pas de rupture avec les politiques de quotas, sécuritaires et racistes d’hier.
Une régularisation massive des sans-papiers
La société en a besoin ! En prétendant que "la situation économique et sociale l’interdit", M. Valls fait sien l’amalgame "immigration et chômage" distillé par l’extrême-droite. Le maintien en situation illégale de travailleurs sans-papiers ne peut qu’avoir pour conséquence de fournir au patronat une main-d’œuvre privée des moyens élémentaires de défendre ses droits. Ce refus creuse des fossés et favorise les divisions ; il provoque des réflexes de repli sur soi et de rejet de l’étranger.
Le droit commun pour tous les migrants
Toute législation d’exception visant les migrants doit être abolie. Les gardes à vue doivent être supprimées, les Centres de Rétention Administrative définitivement fermés. La réglementation d’exception à Mayotte doit être abolie.
Le droit de vote et d’éligibilité pour tous les étrangers
Il doit être établi, immédiatement pour les élections locales. C’est un premier pas vers une citoyenneté de résidence. Ce droit est un levier essentiel pour faire reculer la xénophobie et le racisme, progresser l’égalité des droits, la démocratie et la cohésion sociale.
Pour les pays d’origine des migrants,
Des politiques de coopération doivent leur assurer la souveraineté alimentaire et la maîtrise de leurs ressources (impliquant notamment l’annulation de leur dette illégitime).
Le MRAP poursuit sa lutte pour l’égalité des droits de tous, Français et étrangers.