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[Palestine] Violences à Jérusalem : trois textes

mardi 25 novembre 2014

Communiqué du MRAP

Israël – Palestine : pour stopper les violences, une seule solution,
le respect du droit

Le MRAP condamne l’agression commise mardi 18 novembre dans une synagogue de Jérusalem et qui a fait 4 morts et des blessés graves comme il condamne toute violence à l’égard de civils.

Le crime barbare commis contre la synagogue heurte la conscience des démocrates et la violence extrême de l’État Voyou doit susciter la même réprobation.

Cet attentat s’inscrit malheureusement dans un engrenage meurtrier, conséquence de la politique choisie par Netanyahou et la volonté israélienne de transformer le conflit politique autour du statut de Jérusalem en conflit religieux, sans issue, ne faisant que succéder les morts israéliens aux morts palestiniens.

En détruisant la maison des terroristes le gouvernement israélien procède à une vengeance collective qui ne peut que générer de nouvelles violences. Imaginerait-on que les autorités françaises détruisent les maisons des français auteurs des crimes aux côtés de l’État Islamique.

Ces dernières semaines, les provocations israéliennes se sont multipliées, avec la présence d’extrémistes juifs protégés par la police dans la mosquée Al Aqsa, des tirs à l’intérieur de la mosquée, des projets de loi sur le "partage" de l’esplanade permettant aux juifs de venir y prier, des manifestations violemment réprimées dans les quartiers palestiniens de la ville. Cette attitude s’ajoute aux bombardements de Gaza de l’été dernier, au développement de la colonisation, à la volonté d’empêcher la création de tout Etat palestinien viable.
Le MRAP réaffirme que la seule solution pour les peuples palestinien et israélien est l’arrêt de la colonisation, la reprise des négociations dans le respect du droit international et des multiples résolutions de l’ONU. Toute autre solution ne peut conduire qu’au pire.

La France peut et doit jouer un rôle pour une solution politique : cela passe par la reconnaissance de l’Etat de Palestine et des sanctions pour contraindre Israël à respecter le droit, seul chemin vers la paix.

Paris le 19 novembre 2014

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Violence à Jérusalem

de Rudolf Bkouche (UJFP), mercredi 19 novembre 2014

Violence à Jérusalem ! Mais de quelle violence s’agit-il ?

On peut gloser sur l’attaque de la synagogue de Har Nor par deux Palestiniens, l’approuver ou la condamner selon ses préférences idéologiques ou politiques, on peut aussi faire le décompte des actes de violence et chercher parmi eux lesquels sont les plus horribles, cela n’est qu’une façon d’esquiver la question de la violence.

La violence, c’est d’abord la destruction de la société palestinienne et les diverses formes qu’elle a prise depuis la conquête sioniste jusqu’à l’occupation actuelle, depuis l’expulsion des Palestiniens de la Palestine transformée en Etat d’Israël jusqu’à l’annexion rampante que constitue le développement des implantations israéliennes en Cisjordanien ce qu’on appelle la colonisation.

La violence c’est le refus israélien de reconnaître les droits des Palestiniens considérés comme un obstacle à la constitution de cet Etat proclamé "juif et démocratique" comme pour mieux affirmer que cet Etat ne peut être démocratique que s’il est débarrassé de la partie indésirable de sa population, les Palestiniens.

La violence c’est cette politique d’Apartheid dont l’objectif premier est d’amener les Palestiniens à partir pour ne plus encombrer l’Etat "juif et démocratique".

La violence entraîne la violence. On peut alors condamner les actes de violence perpétrés par des Palestiniens, organisations ou individus ; si on oublie le contexte, cette condamnation relève soit de l’incompréhension plus ou moins volontaire, soit de la mauvaise foi.

On peut proclamer, pour se donner bonne conscience, qu’il faut que les négociations reprennent entre Palestiniens et Israéliens, que ces négociations sont les conditions de la paix. Mais ici encore on oublie que la question reste celle du refus israélien de reconnaître l’existence des Palestiniens, comme si la paix se réduisait à l’acceptation par les Palestiniens des diktats israéliens. Comment peut-on parler de la paix alors que l’occupation continue, que les implantations israéliennes se développent et que se poursuit la volonté israélienne de débarrasser la terre palestinienne et plus particulièrement Jérusalem de toute présence palestinienne ?

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ISRAEL... Condamnez ! Condamnez ! Mais condamnez donc ...!!!

de Tarik Ramadan, mercredi 19 novembre 2014

« On attend juste de nous que l’on condamne l’expression du désespoir des victimes. »

On ne dira rien sur les provocations israéliennes de ces dernières semaines sur l’Esplanade des Mosquées. On ne dira rien des agressions physiques et verbales des colons arrogants. On ne dira rien de l’humiliation quotidienne des enfants, des femmes et des hommes palestiniens. On ne dira rien du climat de répression et de haine qu’entretient le gouvernement israélien depuis des décennies, et qui est la vraie cause historique de la violence et de la mort.

On ne dira rien. On attend juste de nous que l’on condamne l’expression du désespoir des victimes. "Condamnez donc si vous êtes un vrai modéré !" Et nous voilà, à la "queuleuleu" condamnant l’attaque contre la synagogue... et il faudrait se taire ensuite, avec le sentiment du devoir accompli de civilité ?

Parce que je ne veux pas mourir lâche, je condamne dans le même souffle, et fermement, l’hypocrisie de la communauté internationale, de ces responsables politiques occidentaux, arabes ou israéliens qui acceptent en silence l’humiliation d’un peuple, la destruction des demeures, la colonisation illégale et la mort des civils palestiniens. Le sang des rabbins, hier, comme le sang de tant de Palestiniens, entache vos mains de la même façon qu’il salit celles des complices passives des atrocités de l’Histoire.

Vous pouvez condamner, certes, mais faites-le alors devant un miroir.