Accueil > le MRAP > Partenariats > Procès Blanchard : L’erreur est humaine, la rumeur indélébile (...)
Procès Blanchard : L’erreur est humaine, la rumeur indélébile ?
mercredi 13 décembre 2017
Mardi 12 décembre au tribunal de Saint-Nazaire s’est tenu le procès de Jean-Claude Blanchard, élu municipal et régional FN, accompagné du ban et de l’arrière-ban du FN local et départemental. En effet, l’Association Culturelle Musulmane de la région nazairienne a fait citer à comparaître monsieur Blanchard pour des faits de diffamation envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une ethnie, une race ou une religion déterminée. Le MRAP et la LDH se sont portées partie civile aux côtés de l’ACM en raison de leur capacité à ester en justice contre le racisme et les discriminations.
Dans un article sur saint-nazairebleumarine.fr et sur le site du FN et un communiqué de presse envoyé à tous les médias locaux, il accusait la communauté musulmane de notre ville d’avoir effectué un sacrifice rituel dans un gymnase loué, qu’il dit faussement « prêté », par la municipalité lors de la fête de l’Aïd El Kébir de septembre 2016, transformant le lieu en « un théâtre d’agonie et de mort ». L ’ACM avait rapidement porté plainte, monsieur Blanchard s’était excusé : on lui aurait fourni des informations erronées, que sans avoir pris la peine de vérifier, il a relayées ; il était sans doute trop pressé de s’en prendre à la communauté musulmane.
Si l’accusé reconnaît les faits, « l’erreur est humaine », la lettre de démenti envoyé à l’ACM et aux journaux pour lui suffit : « il ne va pas venir la corde au cou faire son mea culpa » dixit son avocat. Ce dernier tente de nous faire une leçon sur l’Aïd El Kébir et le sacrifice rituel en mémoire du sacrifice d’Abraham. Il réfute l’accusation de diffamation à caractère racial (sic) et met en avant la liberté d’expression et la loi de la presse de 1881. Ainsi, nous avons droit à un défilé de poncifs sur les « atermoiements des ligues de vertu... qui vivent grassement des subventions municipales » (sic), l’instrumentalisation par les associations qui défendent les droits de l’Homme, les parallèles avec la religion chrétienne qui ne serait pas défendue par ces mêmes associations, l’islamophobie inventée par Khomeiny, la jurisprudence du procès Zemmour. Il insiste sur le fait que, par cet article, monsieur Blanchard a voulu mettre sur la table un débat d’intérêt général sur l’abattage rituel.
Pour leur part, les avocats de la partie civile ont mis en avant le fait que l’ accusé a cherché délibérément à entacher une religion, ostraciser une communauté, jeter l’opprobre, la haine obscurcissant l’esprit. Me Loret, avocat de l’ACM a demandé que la vérité soit rétablie officiellement au nom de la justice : « la rumeur fait bien plus de bruit qu’un démenti ». Il a réfuté la manière sournoise dont l’avocat du FN a voulu discréditer le représentant de l’ACM au sujet de l’abattage rituel. Qu’est-ce qui était jugé dans cette salle d’audience : un élu FN qui a avoué avoir menti, la municipalité accusée de favoritisme envers l’ACM, la religion musulmane qui procède à des sacrifices rituels très encadrés ? Le FN serait-il devenu une association de défense des animaux ?
Les représentant.e.s du comité local du MRAP assisteront au délibéré du 23 janvier et continueront à rester vigilant.e.s envers les membres du FN qui savent jouer avec les mots, les limites de la loi pour éviter d’ être condamné.e.s.