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[UCIJ] 6 nations : Cedate Gomez, pilier droit
samedi 17 mars 2018
Le collectif UCIJ salue fraternellement Cedate Gomez Sa arrivé à Saint-Nazaire à l’âge de 7 ans, avec sa mère, sans papiers... et lui souhaite plein succès dans sa carrière sportive.
En quelques mois, la carrière de Cedate Gomes Sa a subi une accélération foudroyante. Formé à Saint-Nazaire, avant de parfaire son apprentissage au Racing 92, le pilier droit a été bombardé titulaire pour le dernier match du Tournoi des 6 Nations, samedi à Cardiff. Il remplacera pour la première fois Rabah Slimani. Lourde charge pour un jeune joueur de 24 ans face à un pack gallois d’expérience.
La forêt de micros et de caméras, l’insistance des dictaphones, auraient tendance à lui couper le sifflet. « Je ne suis pas trop habitué à parler aux journalistes », admet-il. Au rythme où il s’installe en équipe de France, Cedate Gomes Sa va devoir se faire violence. Tout ce qui lui arrive attire la lumière sur sa personne.
Samedi, lorsqu’il sortira du tunnel du Millennium Stadium, ce sont les flammes des braseros qui lui piqueront les yeux et les décibels hurlants qui lui massacreront les tympans. Drôle d’endroit pour une première titularisation en équipe de France, après quatre sélections dans la peau de la doublure de Rabah Slimani.
« On m’a beaucoup parlé du Millennium »
« On m’a beaucoup parlé du Millennium, dit-il, en s’efforçant de canaliser son stress comme un étudiant à l’oral. Apparemment, c’est énorme. Mais je vais essayer de faire abstraction du contexte pour me mettre dans les meilleures conditions. » Cedate Gomes Sa ne reculera pas, trop heureux « de profiter de chaque instant » comme « un bonus ».
La charge ne sera pas seulement émotionnelle. Le pilier droit originaire de Guinée Bissau a été missionné par le staff tricolore pour remettre la mêlée sur les rails. Face aux Anglais, elle a été trop pénalisée, son côté droit en priorité. « Mais la mêlée, ce n’est pas un seul joueur, rectifie-t-il aussitôt. C’est l’affaire de huit mecs. Ce n’est pas Rabah qui a été ciblé, mais le pack dans son ensemble. C’est donc à nous tous de changer la donne. »
Malgré ses 24 ans, Cedate Gomes Sa a les épaules larges et la tête froide. Sinon, il n’aurait jamais pu amortir l’avalanche d’émotions fortes l’ayant propulsé sur le devant de la scène. En quatre mois, c’est comme si une main invisible l’avait poussé dans un accélérateur de particules. Novembre 2017 : convocation chez les Barbarians, nouvelle équipe B de l’équipe de France. Gomes Sa joue face à une sélection de Maoris à Bordeaux.
De Bordeaux à Cardiff…
Deux jours plus tard, avancez d’une case : forfait du pilier rochelais Boughanmi prévu pour un match « non officiel » avec une bande de « Bleus-bis » face à la B des All Blacks. Gomes Sa est « dérouté » sur Lyon. « Je n’ai pas eu le temps de réaliser, c’est allé si vite… » Il enfile le maillot tricolore sans avoir droit à une cape. Frustrant ? Même pas, vu d’où il débarque. « Porter un coq sur le cœur, c’est déjà énorme », réagit-il.
Janvier 2018 : son nom figure dans la première liste de Jacques Brunel, le nouveau sélectionneur. Février, encore un radar grillé : il fait partie des 23 éléments retenus pour lancer le Tournoi des 6 Nations au Stade de France, contre l’Irlande. Pas plus tard que la veille, il a enfin obtenu sa naturalisation et son passeport, « juste à temps », se souvient-il, amusé.
Des débuts à Saint-Nazaire
Il entre même en jeu, en remplacement de Rabah Slimani. Le même plat repasse en Ecosse et contre l’Italie. Puis, il joue et remporte le Crunch, son premier forcément. Et y gagne le privilège d’un bain bouillant à Cardiff, samedi (18 h). Il évoque son « bonheur », attire l’attention sur « la marque de confiance » que lui témoigne le staff tricolore.
Il y a beaucoup de fierté dans son regard. Cedate Gomes Sa est déjà entré dans son match, son duel avec le pilier gallois, Rob Evans. Raison pour laquelle il n’a pas envie de s’appesantir sur le passé. Son arrivée en France à l’âge de 12 ans, ses débuts au club de Saint-Nazaire, son départ à 17 ans vers le centre de formation du Racing, ses premiers matches avec les pros.
Tout juste consent-il à reconnaitre que le destin lui a filé un bon coup de main. A Saint-Nazaire, il avait été repéré lors d’une journée « rugby dans les cités » et aimanté vers le club de la ville. « Ces dernières heures, j’ai reçu plein de témoignages de gens de Saint-Nazaire, des anciens coaches avec qui je suis resté lié notamment… » Cedate Gomes Sa a levé l’ancre, il y a sept ans mais n’a pas largué les amarres.
Ouest-France Sports