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Pont Transcouleur n° 89 juin 2012 (édito)
mercredi 13 juin 2012
Espoirs et vigilance
Ne boudons pas notre joie : nous nous réjouissons du résultat de l’élection présidentielle du 6 mai.
Mais nos inquiétudes demeurent : les idées des « droites extrêmes » sont toujours bien présentes dans notre pays comme dans toute l’Europe (21 députés d’un parti néo-nazi en Grèce, un gouvernement de droite extrême en Hongrie…).
Le racisme, la xénophobie ont été entretenus depuis des années par le Front National, mais aussi au plus haut niveau de l’État. Les étrangers, les Français dont les parents sont venus d’ailleurs, les Musulmans, les Roms sont rendus trop souvent responsables de tous les maux dont souffre notre société.
Nous allons devoir, plus que jamais, continuer notre combat, à notre niveau, pour faire face au danger que représentent les projets politiques de ces partis de droite et d’extrême droite.
Nous avons de fortes attentes vis à vis du gouvernement en place et nous espérons que les citoyens confirmeront par leur vote aux élections législatives leur volonté de rupture avec les politiques de droite, leur désir de justice sociale.
Nous serons vigilants quant à la satisfaction des revendications que le MRAP a toujours exprimées, tant au niveau national que local.
Nous nous inquiétons en particulier du maintien sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur de toutes les prérogatives gouvernementales sur l’immigration, l’asile et les naturalisations.
Plus que jamais, nous réaffirmons que les étrangers, les immigrés ne sont pas un problème ; ils ne menacent pas la sécurité de l’État, ni celle des citoyens ! Il est faux de dire qu’ils coûtent cher : en 2009, les immigrés ont reçu 48 milliards d’euros ; mais ils ont versé en impôts et cotisations sociales 60 milliards !
Les problèmes, ce sont bien le chômage, le manque de logements à des prix abordables pour les plus modestes.
Ce que nous voulons, c’est une politique réellement sociale, qui donne à chacun la jouissance de ses droits fondamentaux.
Les sans papiers doivent être rapidement régularisés, pour qu’enfin, ils puissent vivre en paix dans le pays qu’ils ont choisi, y élever leurs enfants, y travailler non pas clandestinement comme beaucoup le font déjà, mais dans le plein exercice de leurs droits. Ils vivent à nos côtés, souvent depuis plusieurs années ; ils ont manifesté leur volonté d’intégration. Ils ne pourraient pas retrouver dans leur pays une « vie normale » : risques d’emprisonnement, impossibilité d’y trouver du travail et de subvenir à leurs besoins. Un exemple parmi d’autres : les média viennent de dénoncer le régime anti-démocratique d’Azerbaïdjan à l’occasion du concours Eurovision de la chanson ; une famille y règne par la corruption et la répression ; les opposants politiques y sont soumis à un régime de terreur. Or, nous accueillons dans nos permanences des personnes originaires de ce pays ; elles nous disent depuis des années quelles y étaient leurs conditions de vie. Comment ne pas souhaiter qu’elles aient enfin le droit de résider régulièrement en France ?
Les étrangers non européens doivent pouvoir très vite avoir le droit de vote : le MRAP demande le droit de vote et d’éligibilité à toutes les élections pour les résidents étrangers, qu’ils soient européens ou non. Ils contribuent par leur travail, leurs impôts, leurs cotisations sociales, à la richesse collective ; ils doivent avoir, par leur vote, un droit de contrôle sur l’usage qui est fait de cette richesse .Cette mesure doit être effective dès les élections municipales de 2014.
Le MRAP continuera à œuvrer pour promouvoir l’égalité des droits pour toutes et tous et combattre toutes les formes d’exclusion économiques ou sociales.